Friday, July 14, 2006

DIEU, LE SPORT, MOI ET l'autre

Une nouvelle sportive est passée inaperçue à la fin du mois de juin écrasée par la coupe du monde de football. La France est allée battre l’Afrique du Sud chez elle en rugby. Evénement parait-il rarissime dans ce sport qui reste le sport national de la minorité blanche du pays, rarissime aussi que la France gagne hors de ses frontières. Mon deuxième pays ayant la singularité d'être championne du monde des matchs amicaux. Nous, en France, n'aimons pas la pression.

La même semaine, comme tous les lecteurs le savent, la France a également battu le Brésil, cette fois-ci en football. –mon doux Brésil que j'aime. Ce qui m’intéresse ici n’est pas la gloire sportive de la France, dont je me fiche bien, mais un drôle de signe du destin. Voici deux pays qui, de façon différente, ont soutenu Aristide et qui se voient « punis » par une défaite cuisante dans leur sport favori. Dieu joue-t-il au ballon ?

Sans doute pas, et pas non plus aux autres sports, peut-être joue-t-il seulement de la musique pour inspirer certains hymnes nationaux. Car il y a belle lurette que le sport et la démocratie ont prouvé qu’ils ne couchaient pas ensemble. Des dictatures ont connu d’éclatantes réussites sportives. L’Argentine de Videla a gagné « sa » coupe du monde en 1978, quand celle d’aujourd’hui se fait sortir en huitième de finale. La seule participation d’Haïti à la phase finale c’était sous Jean-Claude Duvalier. La Russie « démocratique » a cessé d’être une grande nation du football, alors que l’URSS stalinienne inspirait le respect.

On pourrait multiplier les exemples en athlétisme, en rugby, en natation. Mais l’inverse est vrai également : les grandes démocraties ne sont pas désarmées quand il s’agit de sport. L’Angleterre ou les Etats-Unis, la France ou le Japon ont chacun leurs domaines d’excellence et, pour rester dans le football, n’ont rien à craindre de la Corée du Nord, de l’Ouzbékistan et d’une manière générale d’aucun pays musulman.

Mais justement, cette dernière remarque nous met sur une piste. Et si le sport était chrétien ? Il n’y a presque pas de grands sportifs juifs. D’abord parce que les Juifs sont peu nombreux, mais le nombre ne les a jamais empêché d’occuper les premiers rangs dans le cinéma ou dans la musique pour ne citer que ceux-là. Il y a quelques grands champions musulmans, en course de fond en athlétisme, ou dans la boxe, mais il faut bien constater que le milliard de musulmans est bien mal représenté sur les podiums. En football la meilleure performance de l’Islam revient à la Turquie, qui n’a cependant jamais rien gagné d’important et reste encore un pays laïc. La Chine ou l’Inde pèsent de plus en plus lourd en économie, en diplomatie, voire en culture. Mais en sport l’Inde est moins que la Belgique et la Chine s'incline devant la France.

Et qu’on ne dise pas que le sport est une affaire de pays riches. L’argent peut tout, certes, mais il n’explique pas tout. D’où viendraient les succès de la Namibie ou de Trinidad en sprint, les prouesses du Ghana ou de la Côte d’Ivoire en football ?

Non décidemment, ce que la richesse ou le degré de démocratie n’expliquent pas, la religion semble mieux en rendre compte. Et donc, si le sport est chrétien, -j'entends catholique- Dieu joue peut-être bien de temps en temps au ballon. Et donc, en "punissant" le Brésil en football, et l’Afrique du Sud en rugby, il a peut-être bien signifié tout le mal qu’il pensait d’Aristide.


Margaret Cartier
Paris, le 5 Juillet 2006

matinales@magdotcom.net
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